L’annonce par Nicolas Sarkozy d’un plan pour la jeunesse ne suscite pas d’émotion. Pourtant, les décisions annoncées vont être lourdes de conséquences.
Le recours aux contrats précaires pour faire baisser les taux du chômage des jeunes est une constante dans les choix politiques français.
Les noms évoluent, mais la réalité reste la même. Des contrats aidés par l’État pour des durées plus ou moins longues, avec des promesses fantasmatiques de qualifications, d’emploi pérennes... La liste exhaustive n’est pas possible à faire.
Nicolas Sarkozy voulait supprimer les aides de l’État pour les contrats précaires. Il a une nouvelle fois fait volte-face. Il semble absurde de refaire l’article de ces contrats.
Par contre, la deuxième annonce du Président de la République concerne le recours massif à l’apprentissage. C’est une constante dans la politique de droite depuis 2002 : la volonté de sortir du système éducatif un nombre massif de jeunes pour les envoyer vers l’apprentissage. Contrairement à ce qu’affirment & le gouvernement & le MEDEF, l’apprentissage n’est pas une réussite massive.
Tout au contraire ! Le taux d’échec dans les dispositifs d’alternance (apprentissage) est gigantesque.
Pire, l’alternance est une machine à exclure les jeunes les plus fragiles. Les jeunes des classes populaires. Cette annonce est clairement à replacer dans la vision éducative de la droite de gouvernement depuis 2002. Une vision où l’Éducation n’est plus au service de tous, mais devient progressivement une machine à trier les élèves. Une véritable machine à exclure. Les enfants des classes populaires dans le principe d’égalité des chances se retrouvent les principales victimes :
création des classes d’exclusion comme les 3ème découverte professionnelle, apprentissage junior, suppression des BEP & remplacement par des bac pro en 3 ans, développement théorique de la formation continue au détriment de la formation initiale alors que toutes les études montrent que sans formation initiale de qualité, la formation continue est quasi-inutile. L’annonce de Sarkozy sur l’apprentissage s’inscrit dans cette lignée.
Le jeune doit trouver un patron qui l’accepte en apprentissage. Tout au long du dispositif, le jeune seretrouve sous pression de son employeur qui peut rompre le contrat très facilement. Ce système est très contraignant, car il impose une discipline à un jeune souvent en difficulté scolaire. Tous les quinze jours, le jeunes passe du monde scolaire au monde du travail. Puis revient au monde du travail... Système très perturbant pour une jeunesse en difficulté. Avec comme objectif une hypothétique qualification au niveau CAP !
Derrière les apparences d’une aide à la jeunesse, le président de la République, propose aux entrepreneurs, une jeunesse fraîche, corvéable à merci, derrière ce dispositif. Il ne faut pas s’y tromper. La réaction ravie du représentant de l’artisanat sur France Inter qui affirme que cette décision de M.Sarkozy « va sans aucun doute permettre de recruter des jeunes dans les métiers déficitaires ». Petite phrase lourde de signification. La précarité est arrivée à un tel niveau que les emplois les plus durs, qui mériteraient de meilleures conditions de travail, de meilleures rémunérations, vont pouvoir recruter sans aucune restriction des jeunes, payés au lance-pierre, pour plusieurs années, sans aucune garantie de qualification en fin de contrat.
Il apparaît nécessaire de dénoncer ce dispositif à sa juste mesure !
Guillaume MARSAULT